TRAVERSER LE DÉSASTRE
Au moment où le changement climatique fait peser sur l’humanité une menace de fin du monde et place de nombreuses personnes dans un état de sidération, d’autres cherchent « à déjouer l’emprise apocalyptique et à récupérer [leur] joie de vivre et d’agir »1. Pour Traverser le désastre2, sortir de la sidération, des personnes se retrouvent, comme ici dans la forêt légendaire de Brocéliande, pour agir ensemble.
La série Traverser le désastre est le récit photographique d’une plongée hors du monde réaliste. De rituels en lien avec les lieux comme l’hotié - ou demeure - de la fée Viviane, à la forêt brûlée en régénèration, en passant par des moments de sororité et de méditation, les images sont empreintes d’écoféminisme, de soin et d’attention au vivant dans son ensemble. Les couleurs sont volontiers modifiées pour proposer un autre réel, surnaturel. Photographier la méditation est un moment de vulnérabilité et d’intimité, et suppose une grande confiance de la part des personnes. Avec la forêt, ses arbres et plantes, un rapport personnel et intime, de dialogue s’est tissé. Dans cette série, je fais le pari avec Kae Tempest que « ce qui nous connecte pèse plus lourd que ce qui nous divise. »3
1. Déclaration des femmes de Greenham Common, campement féminin de protestation pacifiste - de 1981 à 2000 - contre l'installation de missiles nucléaires sur la base Royal Air Force de Greenham Common, dans le Berkshire, Angleterre, proche du château de Windsor.
2.« Nous ne pouvons pas nous émanciper si nous n’apprenons pas à traverser le désastre » Toni Morisson, extrait radio France Culture, août 2020, disponible en ligne
3. Connexion, Kae Tempest, éditions de l’Olivier, 2021